Avant de mourir j’ai envie de vivre. Voilà ce que je me suis dit il y a six ans.

 

A cette époque j’avais tout d’une carrière prometteuse: un mari adorable, brun, musclé, qui m’offrait des fleurs une fois par mois voire deux, un appartement ultra équipé, le four à chaleur tournante (très important) les tables en bois blanc laqué, l’écran plasma dernier cri. J’avais la vie devant moi et plein de belles perspectives. Je travaillais énormément mais je m’évadais pendant les vacances dans des destinations de rêve. Ile Maurice, Tanzanie, Seychelles, Aix en Provence.

 

J’AVAIS TOUT MAIS IL ME MANQUAIT UNE CHOSE ESSENTIELLE, L’HARMONIE.

 

Je sentais que cette vie cadrée, normée, raisonnée, et bien cette vie n’était pas la mienne. Et j’ignorais comment faire pour qu’elle le devienne. Et cela se traduisait par un malaise latent comme lorsque vous avez ce poids sur les épaules qui vous pèse et qui pourrait finir par vous étouffer. Je voulais m’en débarrasser. Je ne savais pas comment. Cela m’a pris plusieurs années avant de trouver la clé et c’est mon père qui me la donna, le jour où il mourut, le 5 mars 2009. Derrière ma tristesse, mon effondrement, eh bien ce jour là j’ai pris conscience d’une chose… la fragilité de la vie. 

 

Je devais réagir, arrêter d’attendre, sortir de ces rails qui ne me convenaient pas. Je devais reprendre mon destin en main, prendre mon envol vers ce que j’étais vraiment. En exactement 2 ans et 4 mois, j’ai tout quitté. Ma carrière si brillante, mon mari si adorable, bref tout le confort de ma belle situation sociale pour me laisser guider par cette joie que j’avais ignorée pendant dix années… mon intuition. Cela peut vous paraître absurde ou saugrenu de vous fier à cette intuition mais lorsque mes oeillères sont tombées, j’ai ouvert les yeux.

 

Le constat était clair, ma raison m’avait poussé à côté de moi même. J’étais là où je ne devais pas être. De mes rêves de voyages, d’action, d’indépendance, j’avais aspiré à devenir pilote de chasse puis officier de renseignement pour me retrouver ensuite capitaine de gendarmerie à Roubaix et enfin haut fonctionnaire à Bercy. Ce que je voulais désormais, c’était façonner ma vie selon mon véritable moi, celui qui se trouvait dans mon coeur et non pas dans ma tête et encore moins dans les mains d’autres personnes. C’est pourquoi j’ai fait le pari d’expérimenter mon intuition.

 

Vous la possédez tous, que vous soyez du sexe féminin ou masculin. Et oui messieurs, ce que vous appelez “intuition féminine” et bien cela vous concerne aussi. Et oui, et je sens que vos femmes vont être moins tranquilles, non ? L’intuition vous permet quasi instantanément de détecter les signaux négatifs qui annoncent un danger pour vous. Mais également les signaux positifs qui indiquent ce qu’il y a de mieux pour vous. Quand j’ai cherché à y accéder ce fut quelque peu chaotique dans mon esprit. Ma raison me criait qu’est ce tu fais ? Tu ne vas pas tout quitter ? Continue ta carrière. Tu vas avoir un prochain poste qui te plaira ! et puis lui, ton mari, tu ne vas pas divorcer quand même, il va être malheureux… Et que vont penser tes proches ?” et une autre voix me murmurait  mais part ! cette vie ce n’est pas toi ça !”
Ce à quoi ma raison répondait “Mais si tu pars, tu vas aller où? Qu’est ce que tu vas faire de ta vie ? comment tu vas gagner ta vie ?” 

 

 JE TENDAIS L’OREILLE VERS MON INTUITION ET J’ENTENDAIS… LE SILENCE.

 

C’est bien cela ce qui effraie dans le changement de vie : le silence, le tableau noir de l’inconnu. Je devais me fixer un objectif, un cap. J’ai alors commencé l’apprentissage de quelque chose de nouveau: L’écoute de soi. Et cela m’a pris du temps car si mes études m’avaient parfaitement enseigné l’art de raisonner ou démontrer, de résoudre des équations insolvables, et bien rien ne correspondait de près ou de loin à l’art de s’écouter. Peu à peu, je me suis donc ouverte à ce que je ressentais, à ce qui me faisait vibrer, lorsque vous vous dites “wahou”. Et ce wahou ce fut de revenir à mes rêves de voyages, d’actions, d’indépendance.

 

J’ai décidé de voyager seule pendant plusieurs mois. Je me suis assise, dans mon salon, devant une carte du monde. J’ai fait le vide en moi et j’ai laissé mon regard me porter vers l’inconnu. Cela m’a amenée loin très loin, jusqu’à l’Extrême-Orient de la Sibérie, tout au nord du Kamtchatka. Ce fut quasi magnétique, mon regard ne pouvait plus se détacher de cette région. J’ai su que je devais aller là bas. J’ai commencé à en parler autour de moi et rapidement un mot revenait… impossible. Trop loin, trop dangereux, trop isolé. D’autant plus pour une femme seule. Je devais prendre contact avec des nomades retirés dans la toundra, trouver des financements pour ce projet, apprendre les bases du Russe, tout ça en un peu plus de deux mois. Si j’avais écouté ma raison, je me serais arrêtée là mais j’avais fait le pari d’expérimenter mon intuition. J’ai persévéré, j’ai mis ma raison au service de mon intuition. J’ai construit mon projet et je l’ai réalisé. Au Kamtchatka, j’ai rejoint dix éleveurs de rennes, les Tchouktches qui nomadisaient jusque la mer de Béring. A pied, pendant trois mois, sur près de 1000 kilomètres, nous avons traversé la toundra, franchit les montagnes, sans croiser une seule autre présence humaine. Un seul rythme ne comptait, celui de la nature. Et c’est à ce rythme que peu à peu, les milliers de pensées qui envahissaient mon esprit se sont évanouies. Plus j’avançais auprès des Tchouktches plus je m’imprégnais de leur savoir, et plus j’oubliais le mien. Car dans ces immensités vous n’avez plus de normes plus d’influence quelconque, vous êtes seule avec vous même. Vous n’avez plus qu’à désapprendre pour réapprendre et enfin être. J’ai appris à regarder et écouter, à déceler le moindre mouvement, le moindre bruissement qui révèlerait un danger, un ours, un loup, un orage. J’ai renoué avec mes sens, j’ai retrouvé la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher.

 

J’ai ainsi réappris à vivre l’instant, contempler les montagnes, regarder les flammes s’entrelacer, ressentir chaque pas qui se pose dans la toundra. S’arrêter et s’écouter les uns les autres ou simplement écouter le silence. Et ce silence qui quelques années auparavant m’angoissait, et bien ce silence, c’était précisément ce que je recherchais. Dans le silence de la nature, j’ai accédé au silence de l’esprit. J’accédais davantage à mon corps, à mes sens et à celle là même qui m’avait guidée jusque là, mon intuition. Depuis, elle est devenue ma meilleure alliée. Après le Kamtchatka, elle me guida en Alaska, en Pologne, en Indonésie, au Kirghizistan, dans l’Himalaya et aujourd’hui ici devant vous. Associée à la force de ma raison, l’intuition m’a permis de rendre l’impossible possible. Et lorsque vous l’écoutez, vous n’avez plus de remords, plus de regrets. Car vous agissez selon ce que vous êtes et l’intuition vous ouvre les voies de l’harmonie.

 

 

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Retranscription de la conférence Quand la raison mène à l’intuition | Linda Bortoletto | TEDxAix
Retrouvez Linda Bortoletto sur son site http://lindabortoletto.com/ 

 

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