Au-delà de l’animal de la savane ultra mignon, savez-vous ce qu’est un zèbre ? Petite plongée aujourd’hui dans le monde de ceux dont l’intellect et la sensibilité nous dépassent dans tous les sens du terme.

Pourquoi un zèbre ?

C’est une psychologue spécialiste des enfants surdoués, Jeanne Siaud-Facchin, qui a trouvé ce nouveau terme pour désigner les enfants surdoués. Un terme plus sympathique que celui « d’intellectuellement précoces » généralement utilisé en France pour désigner ces enfants différents et pourtant uniques, qui comme les zèbres ont chacun leurs propres rayures et ne se laissent pas domestiquer contrairement à la plupart des équidés.

Le terme de zèbre permet par ailleurs de dépasser tous les débats en cours sur les différents termes utilisés aujourd’hui. En effet, le terme de « surdoué » est très controversé car il induit une supériorité tandis que le terme d’enfant « précoce » sous-entend que l’enfant est en avance à un instant T mais qu’il sera un jour « rattrapé » par ses pairs (ce qui n’est pas le cas). On parle aussi parfois d’enfants à Haut Potentiel… donc oui, zèbre, c’est quand même moins stigmatisant et beaucoup plus « poétique ».

 

Des enfants sur lesquels on se penche de plus en plus

Ces dernières années, les émissions et articles sur les enfants surdoués se sont multipliés… non pas parce qu’ils sont plus nombreux mais parce qu’ils sont à présent mieux repérés qu’auparavant.

Si d’un point de vue extérieur être un enfant surdoué, précoce, s’apparente à un don (pas besoin de travailler à la maison pour avoir des bonnes notes, on comprend tout tout de suite…), c’est souvent plus difficile dans la réalité pour les principaux concernés tant sur le plan scolaire que social. Tous les enfants surdoués ne sont pas et ne deviendront pas des « premiers de la classe » qui passeront leur baccalauréat à 13 ans !    Les études de Jeanne Siad-Facchin montrent d’ailleurs qu’un tiers seulement des enfants concernés ne rencontre pas de difficultés particulières. Pour les autres, c’est un tiers d’enfants en échec scolaire grave et un tiers d’enfants en difficultés avec eux-même…

L’entourage et tout particulièrement les parents ont donc un grand rôle à jouer dans l’accompagnement quotidien de ces enfants pour les aider à comprendre ce qu’ils sont et comment vivre avec cette différence qui peut être un poids comme un tremplin.

 

Plus performants mais surtout plus sensibles

Mais pourquoi ce mal-être alors qu’ils ont a priori plus de capacités que la plupart des gens ? Et bien tout simplement parce qu’un enfant (et même un adulte) zèbre n’est pas seulement différent sur le plan intellectuel, il l’est aussi sur le plan affectif et c’est bien pour cela qu’ils sont nombreux à se retrouver en difficultés…

L’enfant à haut potentiel n’est pas « plus » intelligent que les autres mais il utilise principalement l’hémisphère droit de son cerveau (et non pas le gauche comme la plupart d’entre nous) : il est donc plus intuitif et traite les informations plus rapidement (on parle alors d’hyperactivité neuronale et ce même au repos chez les personnes surdouées).
Sa
perception sensorielle est par ailleurs particulièrement performante. Il peut ainsi écouter plusieurs conversations en même temps, il a un champ de vision plus large etc. Il est particulièrement créatif et a besoin d’être en permanence en action (physique si ce n’est intellectuelle).
De fait, l’enfant est aussi et surtout
un être hypersensible, aux émotions exacerbées. Tout est plus fort chez lui, que ce soit l’amour, la peur, la colère… Il vit donc d’autant plus mal les dysfonctionnements qui l’entourent dans notre société, dans les relations humaines etc. Il aura plus facilement tendance à perdre l’estime de soi et à se remettre en question, ayant l’impression d’être en permanence en décalage avec ce qui se passe autour de lui. Il culpabilise souvent aussi de ne pas être en capacité d’aider ceux qu’il aime (et même les autres) et cherche constamment l’affection, l’approbation, la fierté dans le regard de l’autre.

 

Mais comment savoir si mon enfant a un haut potentiel ?

S’il est important de ne pas prendre tout et n’importe quoi pour des signes de précocité (nous avons tous des facilités sans pour autant être surdoués), certains éléments qui s’ajoutent doivent néanmoins vous interpeller et vous inciter à en parler avec des professionnels pour envisager un bilan complet, réalisé par un psychologue. Ainsi, on observe très souvent, et ce dès le plus jeune âge, que les petits zèbres s’avèrent être :

  • des bébés curieux, éveillés, particulièrement toniques et qui n’ont pas besoin de beaucoup de sommeil
  • des enfants qui sans se mettre à parler forcément plus tôt que les autres le font en tout cas de façon correcte presque tout de suite et ce avec un vocabulaire qui devient rapidement riche
  • des enfants qui, très tôt, se mettent à poser beaucoup de questions sur des sujets assez complexes tels que la vie, la mort, le monde… Ils sont curieux de tout et ont tendance à se mêler de toutes les conversations, même celles qui ne sont pas (du tout) de leur âge.
  • des enfants qui, malgré leur très jeune âge, souhaitent apprendre à lire et à écrire, que ce soit seuls ou avec l’aide d’un adulte.

Mais chaque personne surdouée est unique avec ses nuances, ses zones d’ombres et de lumières … comme chaque zèbre a des tâches uniques qui différent forcément de celles d’un autre individu.
Ainsi, l’attitude adoptée face à une difficulté ne sera pas la même d’un enfant surdoué à l’autre : face à la peur de l’échec, un enfant aura tendance à se retrouver paralysé (et on pensera alors qu’il est sous-performant), un autre s’opposera aux enseignants et ne fera pas ses devoirs (si je ne laisse pas de traces de mon travail, on ne saura pas ce qu’il vaut) tandis qu’un autre sera au contraire obsessionnellement perfectionniste.
De plus, au fil de sa scolarité, un même enfant pourra aussi adopter des attitudes différentes en fonction de son ressenti, des modifications qui interviennent dans sa vie (puberté, divorce des parents, interactions particulières avec un enseignant, conflits avec ses pairs et/ou les membre de sa famille…). La relation à l’autre reste néanmoins très souvent compliquée.

Chaque enfant à haut potentiel doit donc faire l’objet d’une prise en charge spécifique, individualisée, d’où l’importance d’un diagnostic précoce et d’un accompagnement adapté.
Comme n’importe quel enfant, les petits zèbres ont besoin de se sentir compris, d’être « à leur place » et qu’on réponde à leurs besoins (émotionnels, sociaux, intellectuels, relationnels…) mais cela demande peut-être un effort d’adaptation supplémentaire pour l’entourage.

 

Comment aider un enfant zèbre ?

Pour aider un enfant à gérer son hypersensibilité et/ou ses angoisses, ses moments où il se sent bouleversé face à une situation qu’il trouve injuste, il est important de le laisser s’exprimer sur son ressenti en le regardant pour ensuite le reformuler. On peut lui proposer d’évacuer physiquement ses tensions (taper dans un « coussin de colère », déchirer des feuilles, utiliser des “fidgets” comme des boules anti-stress etc) et de se débarrasser de ses chagrins dans une poubelle imaginaire par exemple avant de l’orienter vers une activité qui lui permet de canaliser son énergie (vélo, jeu de société, marche…).

Afin de valoriser son importante mémoire de travail et l’aider à l’utiliser de la meilleure façon, il est important de lui donner le goût de l’effort en créant de l’endurance (finir la tâche demandée, l’associer aux travaux ménagers, lui faire pratiquer un sport individuel qui lui convient…). Il est important de l’encourager et de l’accompagner dans chacune de ses réussites en valorisant les efforts réalisés.

Dans ses grands moments d’agitation, il est important de se montrer à l’écoute en le regardant dans les yeux et/ou en le touchant afin de l’apaiser. L’enfant doit sentir qu’il est compris ; l’adulte ne doit donc pas hésiter à reformuler le besoin exprimé par l’enfant tout en lui expliquant quelles sont les règles à respecter. Une fois la pression un peu retombée, on peut alors lui proposer le choix entre deux alternatives afin de le rendre acteur de ce qui suit.

 

Pour en savoir plus sur ce sujet, vous pouvez commencer par lire Trop intelligent pour être heureux  de Jeanne Siaud-Facchin. Vous trouverez également sur ce lien une bibliographie très complète.

 

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